Il n’y a pas de majorité à l’Assemblée Nationale depuis juin 2022. Emmanuel Macron avait deux options pour faire face à la solution : dissoudre (la solution conforme à l’esprit des institutions) ou passer un pacte de gouvernement avec l’opposition.
Il n’a choisi aucune de ces deux options raisonnables. La première par crainte d’une cohabitation que ses prédécesseurs ont pourtant acceptée. La seconde parce qu’il espérait, pas des débauchages individuels, faire exploser la droite sans avoir à négocier. En vain…
Une première alerte, sans frais, aura été la motion de rejet adoptée sur la loi immigration, le 12 décembre.
Le gouvernement Attal change la donne mais probablement pas dans le sens souhaité par le Président de la République. Le semblant d’équilibre, peu respectueux du vote des Français, est encore davantage menacé.
En effet, l’entrée au gouvernement de Rachida Dati (et de Catherine Vautrin), un « coup politique » comme les affectionnent tant Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron, ne déplacera pas une seule voix à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Le pacte entre Emmanuel Macron et l’ancien Président est connu de longue date, les deux entrantes ne font que le sceller.
En revanche, il est un chiffon rouge pour l’aile gauche de la macronie, sortie déjà rabougrie du nouveau gouvernement. Une fronde plus sérieuse que celle intervenue en décembre est probable.
Cette entrée au gouvernement de deux sarkozystes pures et dures ne peut manquer d’être mal vécue au Modem, chacun connaissant l’état des relations entre François Bayrou et Nicolas Sarkozy. Or, sans le Modem, la majorité n’est même plus « relative » (expression farfelue sous la Vème République) mais tout simplement inexistante.
Quant au barons de la Macronie, chacun sait qu’ils ont été peu enjoués de se voir doublés par un « jeune homme ». Un coup de Jarnac n’est pas à exclure.
Enfin, quelle raison pourrait pousser « Les Républicains », désormais, à ne pas voter une motion de censure ? La droite est ressortie un peu requinquée de l’épisode tragi-comique survenu lors du vote de la loi immigration. Le mépris d’Emmanuel Macron à son égard comme la popularité chancelante de ce dernier, pourraient convaincre les députés LR qu’un retour devant les urnes n’est pas aussi risqué qu’envisagé initialement. A défaut, ils courent le risque d’être assimilés à des supplétifs et ouvriraient un boulevard, encore plus large, à Marine Le Pen. Cette dernière pourrait alors revendiquer (avec feu la NUPES) le titre de seule opposition au macronisme.
Il faut souhaiter bon courage au Chef de la majorité « relative », Gabriel Attal, et à ceux chargés de coordonner les groupes macronistes et d’assurer une forme de cohérence à l’Assemblée nationale. La mission est quasiment impossible ; son échec contraindrait le Président de la République à dissoudre (enfin) l’Assemblée nationale.