Disons-le clairement, ce n’est pas à une conférence de presse de niveau présidentiel, telles qu’ont pu les mener les prédécesseurs d’Emmanuel Macron, à laquelle nous avons assisté.
Emmanuel Macron a effectué un discours de politique général, réussi par certains aspects (la maitrise des dossiers, les champs traités), ratés par d’autres. En effet, un tel exercice se fait lors de la prise de fonction, pas après quasiment sept ans d’exercice du pouvoir. Pour tenter de dissimuler le bilan, le Président a eu recours à quelques subterfuges. Les classiques, charger ses prédécesseurs, notamment François Hollande. Plus sophistiqués sont ses propos sur la question de la hausse du coût de l’électricité. Enrobés dans un rideau de fumée afin que personne n’y comprenne rien (ou le moins possible), on croit comprendre que le retour à « la normalité » signifie hausse massive. Mais ce sera au gouvernement de faire passer la pilule aux Français.
Cruel pour ce gouvernement qui, à défaut de la moindre annonce tous les champs ayant été traités (que pourra ajouter Gabriel Attal lors de son discours de politique générale ?), est chargé de porter les mauvaises nouvelles. Fonder la stratégie de pouvoir d’achat sur un hypothétique ralentissement de l’inflation paraît bien fragile et aléatoire alors qu’il s’agit de la principale préoccupation des Français.
Concernant les émeutes inédites connues par notre pays au mois de juin (Pierre Brochand, ancien DGSE, avait estimé que le « pronostic vital du pays était engagé » et que jamais on n’avait connu une nombre aussi important d’émeutiers depuis la Révolution Française), Emmanuel Macron les aura attribuées à l’«oisiveté » des collégiens, niant une fois de plus l’ampleur de la crise politique que traverse notre pays.
Sans surprise, c’est en politique étrangère qu’Emmanuel Macron qu’aura été le moins convaincant. Sur le conflit au Proche-Orient pour lequel personne n’attend plus rien de la France tant sa parole est illisible et donc sans influence, Emmanuel Macron s’est contenté de s’auto-congratuler pour l’aide humanitaire apportée aux populations civiles de la bande de Gaza. A aucun moment il n’a évoqué une riposte « disproportionnée » ou n’a évoqué la possibilité de faire montre de fermeté avec le gouvernement Netanyahou. Il oublie vite que l’aide humanitaire sans politique de pression concomitante ne sert qu’à laisser le terrain libre au plus fort. Selon lui, le 7octobre justifie tout, comme si la situation qui prévalait auparavant était tenable et comme si le terrorisme perpétré par le Hamas le 7 octobre excusait que les militaires d’une armée régulière se livrent à des massacres de populations civiles. Enfin, rappelant l’attachement de la France à la souveraineté et l’intégrité du Liban, il n’a pas délivré le mode opératoire pour y parvenir si ce n’est des entretiens téléphoniques. Emmanuel Macron a déclaré qu'”il n’y avait pas de risque d’effacement, que notre diplomatie était forte et pas alignée”. Probablement le moment le plus drôle de cette longue conférence de presse tant la réalité est l’exact opposé. Déclassement vertigineux en quelques années et alignement total sur les Etats-Unis.
Il n’y avait dans ce show ni vision de la France dans les 10 ou 20 années à venir, ni souffle. En réalité rien de ce que l’on attend d’un Président de la République « l’homme en charge de l’essentiel » selon le Général de Gaulle. Emmanuel Macron dirige la France comme un PDG le ferait de son Conseil d’Administration. Des thèmes déclinés, des chiffres, des bons et des mauvais points. Sans encrage politico-historique, sans passion pour la France et les Français.