Le discours de politique général d’un nouveau Premier ministre est toujours un moment délicat. Il s’agit, en général, tout à la fois de fixer un cap pour plusieurs années et de donner un nouveau souffle.
Il convient, également, d’éviter un inventaire à la Prévert tout en étant complet. Et naturellement, en aucun cas, de marcher sur les plates-bandes du Président de la République, surtout lorsque l’on ne dispose d’aucune autonomie politique et que l’on est en quelque sorte, ramené au rang de Directeur de Cabinet de la Présidence.
Pour Gabriel Attal, les conditions politiques étaient biaisées. En effet, la conférence de Presse du Président de la République était, en réalité, déjà un discours de politique général (notre éditorial en du 17 janvier sur geopolitics.fr). Quant au nouveau souffle, l’air de renfermé était patent. Nommé en fin de cycle, dans un contexte de crise politique et reconduisant simplement les ministres les plus importants à des fonctions identiques, le remplacement d’Elisabeth Borne par Gabriel Attal ressemble davantage à un remaniement technique qu’à un changement de gouvernement. Tous ceux qui ont permis l’ascension du jeune Premier ministre ont été remerciés, à l’exception de Brigitte Macron, dans une dernière lueur de décence.
Pas d’enjeu politique non plus, le Premier ministre, conscient qu’il dispose moins que jamais d’une majorité, n’a pas pris le moindre risque. La responsabilité politique, le respect du vote Français sont désuets. L’éternel stratagème de tendre la main à la droite pour tenter de construire une majorité de bidouillage sans aucune transparence et non par un pacte de gouvernement est, lui aussi, reconduit.
Tout repose sur l’espoir que la droite continue de servir de béquille (jusqu’à quand ?) pour une Macronie dont l’espoir de rémission est plus que faible. Ainsi, nous avons eu droit à tous les clichés qui sont censés être les marqueurs de la droite, version 2007 puisque cette dernière est incapable de se remettre en cause et de se renouveler. Jusqu’à quand ? La droite française, si elle continue ainsi, n’aura d’autre choix que de passer, sans transition, de force d’appoint de la Macronie à celle du Rassemblement National.