Certains metteurs scène croient mettre les pièces de Molières au goût du jour en costumant les comédiens d’oripeaux ou en les situant dans des lieux improbables. Ils étalent ainsi leur incompréhension d’un auteur qui se voulait en rupture avec les idées de son temps. Molières était moderne avant qu’on ne veuille inutilement le moderniser. Ce n’est qu’une preuve de plus de l’ignorance profonde de notre temps par rapport à notre histoire. Or à la question : « Quoi de neuf ? Molières », correspond : « Quoi de neuf ? De Gaulle ! »
J’entends déjà d’ici les ricanements et les moqueries, les procès en ringardise. Je les accepte. Il ne s’agit évidemment pas de faire revivre le Général ou de le faire parler en faisant tourner les tables. Laissons les qualités et les défauts, les succès et les erreurs attachés à leur auteur et à leur époque. Ne retenons que l’essentiel, ce qui était le moteur de l’action : les idées de grandeur, d’indépendance nationale, les grands desseins, les projets à long terme, la place de la France dans le monde, une vision, une réflexion humaniste sur l’avenir… C’était le temps où le président présidait, où le Premier ministre avait une stature politique où on connaissait les noms des ministres, où on démissionnait quand on était battu aux élections où l’idée de responsabilité avait un sens, où les préfets ne tremblaient pas comme des feuilles à partir du mardi soir jusqu’au lendemain midi, où les ambassadeurs étaient reçus par le chef de l’Etat…
Tout n’était pas parfait, loin de là. Tout n’a pas réussi. Mais au moins on savait qu’il y avait un patron aux commandes, qu’il ne nous conduisait pas dans le mur, qui faisait confiance à un peuple auquel il parlait une langue française de haute qualité, qui faisait des discours compréhensibles, bref un président qui parlait comme un président et non comme un chef de bureau.
C’était il a longtemps. Dommage que nous n’ayons plus de cette poudre de génie national qui est l’âme d’un Peuple. A propos, s’est-on demandé pour quoi les années 60-70 soient à la mode.
Quoi de neuf ? De Gaulle ?
Par CYRANO