Entretien avec Pierre Dumazeau, fondateur d’In.Europa, cabinet de conseil spécialisé dans la communication, la stratégie d’influence, la veille et la diplomatie événementielle à destination des acteurs institutionnels et des entreprises privées, qui opère depuis Chișinău.
La Moldavie et la France sont-elles deux puissances amies ?
Oui, et ce depuis longtemps ! Un seul exemple, économique : la France est l’un des premiers pays à avoir investi en République de Moldavie dès les années 90… et a tout de suite compris le potentiel de ce petit pays, trait d’union entre l’Union européenne et les pays d’Europe orientale. De nos jours, les relations politiques sont également très fortes : la présidente de la République moldave Maia Sandu est très proche d’Emmanuel Macron. Le président français a compris et aide la volonté moldave d’intégration à l’Union européenne. Pour preuve, ses nombreuses déclarations se félicitant que la Moldavie ait accédé au statut de « pays-candidat » pour intégrer l’UE en juin 2022. Enfin, il est impossible d’évoquer les relations franco-moldaves sans parler de la francophonie qui imprègne la Moldavie : les Moldaves aiment la France, nombreux sont ceux qui apprennent le français. Le pays est membre de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) depuis 1996 et, sur place, l’Alliance Française ne cesse de propulser la francophonie et les cours de langue française toujours plus haut.
Qu’est-ce que la France peut apporter à la Moldavie ?
La France peut (et devrait, même), renforcer sa présence stratégique par les entreprises. De nombreuses opportunités s’offrent à nos grands groupes tricolores comme à nos entrepreneurs plus petits : facilité d’installation, présence de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Moldavie, emplacement géographique stratégique comme dit précédemment, avantages fiscaux… la France pourrait considérablement augmenter, sur place, sa présence tricolore. Car le soutien politique est déjà là : les deux pays, politiquement, travaillent ensemble et sont coordonnés. La France pourrait apporter, donc, un soutien économique plus important et l’installation récente sur place de l’AFD a marqué, déjà, un signal très fort.
A l’inverse, qu’est-ce qu’un ancien pays du bloc soviétique comme la Moldavie peut, concrètement, apporter à la France ?
La Moldavie a de nombreux atouts : d’une part, la diaspora moldave est très importante en France, en raison des liens d’amitié que j’ai rappelé précédemment. Cette diaspora peut contribuer à renforcer les liens d’amitié et la francophonie qui rayonne déjà beaucoup. De plus, la Moldavie est une terre d’accueil pour les entreprises françaises, comme dit précédemment. Il y a donc des interconnexions à réaliser, c’est certain.
Quels atouts et quels inconvénients pour la Moldavie d’aujourd’hui ?
La Moldavie a indéniablement de nombreux atouts : c’est un pays tourné vers l’écologie, Chisinau est une ville verte ; la capitale offre de nombreuses infrastructures pour les familles et les enfants. C’est un pays sûr qui, malgré ses difficultés, ne cesse de se développer et de s’ouvrir à l’international. Cependant, le République de Moldavie a encore certaines pistes d’amélioration non négligeable : l’aéroport doit être agrandi et mieux relié au reste du monde ; le contexte politique local doit continuer d’être stabilisé, et le niveau de vie doit encore augmenter. Mais c’est un système vertueux : pour que cela arrive, il faut que la Moldavie investisse massivement et accueille avec bienveillance certains investissement étrangers. Et l’amitié franco-moldave peut contribuer à ce cercle vertueux !