Des communiqués qui n’en finissent pas d’être ridicules tant ils sont répétitifs et sans effets. Des messages contradictoires parfois dans la même journée. Une pusillanimité risible dès que Netanyahou sort de sa boîte. Telle est la diplomatie française au Proche-Orient, sans aucune prise sur les évènements et sans le moindre cap. La France, comme d’autres, semble faire abstraction de l’idéologie qui règne actuellement en Israël : le sionisme révisionniste.
Le sionisme révisionniste, une idéologie fasciste
Cette idéologie, fondée durant l’entre-deux guerre par Vladimir Jabotinsky et dont le père de Benjamin Netanyahu, Benzion, fut l’un des principaux responsables, s’est forgée en opposition au sionisme orthodoxe à qui il reprochait des méthodes trop douces et une certaine laïcité. Il fut adoubé par Mussolini « Pour que le sionisme réussisse, confiait Benito Mussolini en 1935, il vous faut un État juif, avec un drapeau juif et une langue juive. La personne qui comprend vraiment cela, c’est votre fasciste, Jabotinsky ». Opposé à David Ben Gourion, il voulait s’emparer par la force de toute la Palestine pour créer un État juif des deux côtés du Jourdain. Les plus extémistes d’entre-eux saluèrent l’arrivée d’Hitler au pouvoir, ce qui n’est pas sans faire écho aux propos de Benjamin Netanyahou, tenus en octobre 2015, selon les lesquels « Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs en 1941 ».
Ben Gourion (un antisémite notoire chacun le sait), qualifiera Vladimir Jabotinsky de « Vladimir Hitler » et les nazis « des révisionnistes allemands ».
Les Kahanistes, supémacistes et messianiques
C’est donc cette idéologie qui est au pouvoir actuellement en Israël, avec un zeste d’un autre courant idéologique, inspiré par le Rabin Meir Kahan, le « kahanisme ». Il vient du sionisme religieux, prônant une « théocratie juive ». Ceux-là n’ont strictement rien à envier ni au Hamas, ni au Hezbollah. Le parti Kach est considéré comme organisation terroriste et a été interdit dès 1994 par le gouvernement israélien et le Département d’Etat. A son actif :
- En 1982, Yoel Lernertenta de faire exploser le Dôme du Rocher dans le but d’y reconstruire le Temple de Jérusalem. Il fut condamné à deux ans et demi de prison.
- En 1994, Baruch Goldstein, soutien du Kach, tua 29 musulmans et en blessa 150 à Hebron lors d’une des attaques connue sous le nom de massacre du Tombeau des Patriarches.
Si le parti en tant que tel est interdit, il essaime son idéologie au sein d’autres mouvements. En France « La Ligue de défense juive » en est issue.
Au gouvernement israélien Ben Gvir et lmotrich en sont les tenants. L’un des alliés de Ben Gvir déclara en octobre 2003 que “cracher sur les chrétiens n’est pas une affaire criminelle” et que “tout ne vaut pas la peine d’être emprisonné”.
Ce beau monde a fait assassiner Yitzhak Rabin, Premier ministre de l’Etat d’Israël et ancien Chef d’Etat-Major de Tsahal parce qu’il s’engageait sur la voie de la paix.
Le gouvernement actuel d’Israël n’est donc pas seulement d’« extrême droite » à la manière de Mussolini ou Pinochet, il comprend aussi une composante messianique et suprémaciste.
Des fascistes, suprémacistes et messianiques pour défendre la Démocratie, l’Occident, la Civilisation ? De qui se moque-ton ?
Ce sont donc ceux-là qui sont en charge de la défense de l’Occident, de la civilisation, du Bien, de la Morale ? Une plaisanterie qui vire au tragique depuis que les massacres se perpétuent à Gaza, en Cisjordanie, au Liban.
Ainsi la plupart des hommes politiques français qui se succèdent sur les plateaux ou au travers de communiqués établissant l « ’indéfectible soutien diplomatique de la France à Israël » ou son « droit à se défendre » (comme tout autre Etat ?), ou que la « France est l’amie d’Israël » (La France est indiscutablement l’amie de l’Italie mais l’était-elle de l’Italie fasciste ?) marquent au mieux leur l’ignorance totale de ce qu’est devenu Israël sous l’emprise de Netanyahou ou, pire, une complicité criminelle. Des éléments de langage hors du temps, qui auraient bien besoin d’être dépoussiérés.
Les médias quant à eux, se font les relais d’une idéologie qui heurte et bat en brèche tous les principes de la République française. Que CNEWS la chaine de désinformation en continu dont la ligne idéologique est bien identifiée s’adonne à ce petit jeu est, somme toute, assez logique. Mais que d’autres médias emboîtent le pas, témoigne de l’état préoccupant de la liberté d’informer en France et d’une absence de culture générale préoccupante dans le milieu journalistique. Sur ce conflit ce sont les chaînes américaines, britanniques, une certaine presse israélienne, une certaine presse arabe, qui auront fait leur travail.
Etablir le “Grand Israël”
Le but des sionistes révisionnistes/religieux est l’établissement de l’« Etat-nation du peuple Juif » afin de faire des autres communautés vivant en Israël, des citoyens de seconde zone. Netanyahou leur a donné satisfaction par la loi du 19 juillet 2018, adoptée à une très courte majorité. Les pères fondateurs de l’Etat d’Israël s’étaient refusés à le faire, justement pour ne pas exclure les populations non-juives de l’Etat-naissant.
Leur objectif est affiché, c’est le grand Israël c’est-à-dire un espace comprenant au minimum Gaza, la Cisjordanie, la partie du Liban jusqu’au fleuve Litani. Et la Jordanie plus tard ?
Le suprémacisme n’a aucune difficulté à écarter les règles ou le droit international qui ne s’appliquent pas « au peuple des lumières » selon l’expression de Benjamin Netanyahou. Le « Grand Israël » se construira par la force en saisissant tout prétexte pour y parvenir, en se posant en victime contrainte d’envahir pour se défendre. C’est la promesse faite par Benjamin Netanyahou sur le lit de son père mourant de « réaliser le grand Israël » qui ensanglante actuellement le Proche-Orient.
Dans cette affaire les actes terroristes du 7 octobre ont naturellement joué le rôle de détonateur. L’Histoire jugera du degré d’information dont disposait Netanyahou, de la plus ou moins grande manipulation dont il a été l’objet de son ancien allié le Hamas et des éventuelles failles sécuritaires.
Mettre fin à cette folie meurtrière
Il n’existe que deux moyens, aujourd’hui, de mettre un terme à cette folie meurtrière.
- Neutraliser Netanyahou et son gouvernement. C’est ce que l’on était en droit d’attendre du peuple israélien qui a massivement manifesté les samedis soirs à Tel Aviv, ce sont les Résistants. d’aujourd’hui Mais tout laisse à penser qu’ils n’y parviendront pas. Netanyahou joue sa survie politique et sa liberté dans cette affaire. Un psychopathe n’a pas d’états d’âmes.
- Répondre à la force par la force. En effet, Israël n’est pas grand-chose sans les fournitures d’armes américaines et allemandes. Tsahal n’est pas invincible face à de vraies armées et non des civils désarmés. Arrêter toute fourniture d’arme à ce gouvernement. Et lui opposer une force internationale au Liban et dans les Territoires palestiniens pour le contraindre, par la force, à reculer.
Que les dirigeant politiques occidentaux y réfléchissent à deux fois, à leur intérêt, à défaut d’humanité et de dignité. Que la Cour Pénale Internationale résiste aux pressions inadmissibles et ils auront été les complices de criminels de guerre.
Que la Cour Internationale Justice qualifie les massacres de Gaza de « génocide » et alors, les « complicités de génocide » ou « apologie de génocide » proliféreront.
Nous assistons à un nouveau « Munich » dans lequel les dirigeants impliqués n’ont même pas conscience de leur lâcheté et pas même l’excuse de reculer devant plus fort qu’eux-mêmes.
