La victoire de Trump et la défaite de l’Establishment

par David OSORIO
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Il était communément admis que la défaite Donald Trump, lors des élections de 2020, marquait la fin de sa carrière politique. En effet, dès son départ de la Maison-Blanche, le magnat fit face à une énorme tempête politique reposant sur de multiples accusations, notamment la responsabilité de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021, une condamnation pour 34 chefs d’accusation de falsification de documents comptables liés aux paiements concernant la relation présumée qu’il aurait entretenue avec une actrice X et sur les enquêtes fédérales liées à la possession de documents confidentiels non déclassifiés, qui ont conduit à une série de perquisitions à son domicile de Mar-a-Lago à Palm Beach.

À ce moment, Trump disposait de la plus faible popularité pour un président américain sortant depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ses adversaires, y compris les médias, étaient convaincus que la justice empêcherait un retour politique de Trump. Cependant, ce facteur a été la première erreur de « l’establishment » qui, dès le départ de Trump de la Maison Blanche, a lancé toute une stratégie de bullying politique pour le coincer et l’empêcher de réaliser ses aspirations électorales pour 2024.

Les capacités de Trump ont été clairement sous-estimées

Le mépris pour de Donald Trump l’a paradoxalement renforcé de manière progressive et systématique car, plus des accusations étaient portées contre lui, plus sa popularité et sa visibilité médiatique augmentaient. Trump fit l’actualité dans toute la presse américaine tout au long de l’administration Biden, ce qui l’a maintenu au centre des débats de toute l’opinion publique. Cette situation a sans doute beaucoup joué en sa faveur face à l’absence de Joe Biden dans les médias et aux doutes croissants sur sa santé et ses capacités cognitives pour exercer la présidence. Un aspect dont Trump a su profiter, jusqu’à ce que Biden prenne finalement la décision de se retirer (comme et Geopolitics.fr l’avait anticipé au début du mois de juillet de l’été dernier. Le débat entre Trump et Biden: symbole du déclin de la démocratie américaine? | Geopolitics.fr

Pendant cette période, Trump a simultanément travaillé à sa défense, obtenant que la Cour suprême, à sa majorité conservatrice, lui accorde une immunité partielle afin de reporter les procès et donc le verdict reporter dans l’affaire de l’actrice X jusqu’après les élections présidentielles.

L’affaiblissement économique a affecté l’administration démocrate sur le plan électoral

En raison de la pandémie de Covid-19, les États-Unis ont connu une inflation supérieure à 9% en 2022, ce qui fut préjudiciable à Biden qui mit en œuvre une hausse des taux d’intérêt produisant une augmentation du coût du crédit et des hypothèques, avec un impact significatif sur le pouvoir d’achat et une perte importante d’emplois. Dans le même temps, de nombreux migrants fraîchement arrivés étaient autorisés à travailler grâce à des permis temporaires. 70% des électeurs ont indiqué que les questions économiques avaient joué un poids décisif dans leur choix. Pour mémoire, pendant le mandat de Trump, la mise en œuvre de politiques protectionnistes (qui seront, à n’en pas douter, à nouveau appliquées lors d’un second mandat) avait porté ses fruits.

Trump en campagne depuis 4 ans contre 3 petits mois pour Harris

La plus grande réussite de Trump fut de rester en campagne dès son départ de Washington, car il ne douta pas une seconde de son retour au pouvoir, ce n’était qu’une question de temps. Ses partisans se déployaient dans tout le pays en annonçant : « Trump 2024, Take America Back » et « Make America Great Again ». Dans le même temps, on peut dire que son meilleur atout de campagne aura été le président Joe Biden qui, en plus d’une diète médiatique imposée, commis d’innombrables erreurs qui allaient lui coûter cher politiquement, ainsi qu’à son vice-président Harris. La décision de Biden de se retirer de la course présidentielle, le 21 juillet, arriva tardivement, à peine 4 mois avant les élections, plaçant parti démocrate en situation délicate. Donald Trump avait d’ailleurs déclaré, dans une interview à CNN, qu’il serait plus facile de vaincre la vice-présidente Kamala Harris que le président Biden. C’est ce qui s’est produit…. Kamala Harris, parrainée par les Obama et les Clinton, parvint à récolter 1 milliard de dollars, soit presque le triple de Trump. Sans compter un soutien médiatique solide comprenant des artistes, des athlètes, influenceurs et personnalités importantes du monde intellectuel. En vain….

La campagne de Kamala Harris : un grand ratage

Contrairement à nombre de ses prédécesseurs, Kamala Harris fut une vice-présidente quasi-invisible. Beaucoup la découvrir politiquement après son intronisation précipitée. Mais le citoyen américain moyen ne savait pas grand-chose d’elle. Seules ses actions concernant la question migratoire étaient identifiées. Ce fut précisément la principale arme électorale utilisée par Trump pour attaquer l’administration Biden. Par ailleurs, Harris n’avait pas, non plus, une expérience très significative des médias, contrairement à Trump. La candidature de Harris a confirmé le déclin du Parti démocrate et son manque de leadership pour vaincre une figure aussi controversée que Trump qui a fini par devenir un incontournable pour les Républicains. Les médias qui, de la même manière qu’ils l’avaient fait pour Hillary Clinton, proclamèrent partout sa future victoire, ont également été vaincus.

L’effondrement de l’establishment et la possible transformation de l’identité politique et sociale américaine

Trump et son colistier JD Vance ont opté pour un message hautement patriotique qui capitalisait sur le mécontentement du peuple face à la passivité de Harris qui, sous un discours modéré et peu créatif, représentait une administration inefficace tant au niveau national qu’international. La diabolisation de la figure de Trump s’est dégonflée surtout après les deux attentats manqués.

Ces résultats électoraux inattendus frappent de plein fouet l’establishment politique des États-Unis qui va entrer dans une profonde remise en question. En effet, Trump, n’est pas issu leurs rangs et sa réussite par constitue un grand défi pour la culture politique américaine traditionnelle. Comme je l’indiquais dans mon article, Le débat entre Trump et Biden : symbole du déclin de la démocratie américaine ? le défi de la démocratie aux États-Unis soulève désormais de multiples questions pour les quatre prochaines années, au-delà même des promesses de Trump pour son deuxième mandat.

L’équation est complexe face à la reconstruction d’une société polarisée qui se méfie des partis et ne trouve pas de véritable lien entre les communautés et leurs dirigeants politiques. Par conséquent, tant les Républicains que les Démocrates auront besoin de temps pour commencer à reconstruire leurs bases et leur architecture programmatique. Trump dispose d’un vrai confort politique pour gouverner avec un pouvoir absolu avec des majorités républicaines à la Chambre et au Sénat. Le Trumpisme deviendra-t-il un futur courant politique indépendant des Républicains ? Les Obama et les Clinton inaugureront-ils une transition générationnelle parmi les Démocrates ?

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