Dans un monde tourmenté, ce 10 décembre marque la Journée des droits de l’homme

par Olivier DELAGARDE
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« La Déclaration universelle montre la voie à suivre vers une communauté de valeurs et d’approches qui peuvent permettre de résoudre les tensions et de créer la sécurité et la stabilité dont notre monde a tant besoin ». António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies.

La Journée et la Déclaration universelle des droits de l’homme, un acte fondateur

Noyée certes dans un flot de célébrations revêtant pour certaines l’habit pompeux de « journée internationale de… », la Journée des droits de l’homme est célébrée chaque année le 10 décembre afin de marquer l’anniversaire de l’un des engagements mondiaux les plus importants : la Déclaration universelle des droits de l’homme, cet acte fondateur qui a proclamé les droits inaliénables de chaque individu en tant qu’être humain, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.

Cette Déclaration avec un grand D, fût proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies à Paris le 10 décembre 1948 et énonce pour la première fois, au sortir de la mortifère seconde guerre mondiale, les droits fondamentaux qui doivent être universellement protégés.

Imaginée comme un « idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations », le texte se veut un schéma directeur mondial visant à établir et faire respecter des lois et politiques internationales, nationales et locales, ainsi qu’un des piliers du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Une belle utopie ?

Disponible dans plus de 500 577 langues, de l’abkhaze au zoulou, la Déclaration universelle des droits de l’homme est le document le plus traduit au monde, après le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.

Des droits, un avenir pour tous, maintenant !

« Les droits humains peuvent donner aux individus et aux communautés les moyens de construire un avenir meilleur. En adoptant et en faisant confiance au plein pouvoir des droits de l’homme comme voie vers le monde que nous voulons, nous pouvons devenir plus pacifiques, plus égaux et avec un développement plus durable ». Voilà la composante majeure de l’ADN de la charte.

Placée sous le thème idéaliste il faut bien l’avouer, de « Nos droits, notre avenir, maintenant », l’édition 2024 de cette journée internationale, a pour objectif de mettre l’accent sur la façon dont les droits de l’homme constituent « une voie vers des solutions pratiques aux grands défis de notre temps, jouant un rôle essentiel en tant que force préventive, protectrice et transformatrice pour le bien ». Ainsi l’a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres, avant d’ajouter « les droits de l’homme sont le fondement de sociétés pacifiques, justes et inclusives ».

Probablement loin d’envisager les récents bouleversements au Moyen-Orient, cette campagne « espère enfin inciter chacun à reconnaître l’importance et la pertinence des droits de l’homme, à changer les perceptions en luttant contre les stéréotypes négatifs et les idées fausses, et à mobiliser pour redynamiser un mouvement mondial en faveur des droits humains ». Certes pavés de bonnes intentions et incantations humanistes, les conseillers onusiens à la communication peuvent paraître habiter sur une autre planète parfois. Sauf à nous rappeler les drames se déroulant parfois à quelques encablures de nos conforts occidentaux, alors qu’il paraît plus aisé de regarder ailleurs depuis les dorures et tapis silencieux des palais diplomatiques.

Pourquoi des journées internationales ?

Dans l’esprit, chaque journée internationale se veut une opportunité d’informer le grand public sur des thèmes aux enjeux majeurs. Ces journées sont l’occasion pour les pouvoirs publics mais aussi la société civile d’organiser des activités de sensibilisation et de mobiliser des ressources.

L’existence des journées internationales est antérieure à la création des Nations Unies mais l’ONU les a adoptées comme un puissant outil de sensibilisation. Les Nations Unies observent des journées, des semaines, des années et des décennies internationales, chacune ayant un thème spécifique. En mettant en avant ces célébrations, les Nations Unies favorisent la sensibilisation et l’action internationale sur des sujets variés mais impactant les sociétés civiles aux quatre coins du monde. Chaque journée internationale permet en effet à de nombreux acteurs la possibilité de s’exprimer et d’organiser des activités en rapport avec le thème de la journée. Les organisations, les agences et les bureaux du système complexe des Nations Unies, et surtout les gouvernements, la société civile, les secteurs public et privé, les écoles, les universités et, plus généralement les citoyens du monde, font d’une journée internationale un tremplin pour leurs actions de sensibilisation nationale. La majorité des célébrations ont été établies par des résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies, bien que certaines d’entre elles aient été proclamées par ses institutions spécialisées. L’ONU observe également les anniversaires d’événements clés de son histoire.

Qui décide de l’instauration de ces journées ?

Les journées internationales sont proposées à l’Assemblée générale des Nations Unies par les États Membres. L’Assemblée générale décide par consensus toute nouvelle journée ou cause à mettre en avant. C’est la raison pour laquelle, on dit qu’une journée internationale est proclamée par l’Assemblée générale de l’ONU.

Toutefois, quelques-unes de ces célébrations sont aussi créées par des institutions spécialisées du domaine des Nations Unies afin d’attirer l’attention du public sur des sujets ou causes plus pointus, par exemple dans le domaine de la santé ou en matière de propriété intellectuelle. Par exemple, la Journée mondiale de la liberté de la presse qui est célébrée le 3 mai, a été proclamée par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) basée à Paris, ensuite ratifiée par l’Assemblée générale.

Les thèmes des journées internationales sont toujours liés aux principaux domaines d’action des Nations Unies, à savoir le maintien de la paix et de la sécurité internationale, la promotion du développement durable, la protection des droits humains et la garantie du droit international et de l’action humanitaire.

Dans ses résolutions, l’Assemblée générale justifie généralement ce qui l’a incitée à proclamer une cause comme Journée internationale. A titre exemple, en déclarant le 23 mai Journée internationale pour l’élimination de la fistule obstétricale, la résolution cite « les liens entre la pauvreté, la malnutrition, l’absence, l’insuffisance ou l’inaccessibilité des services de soins de santé, la maternité précoce, le mariage des enfants, la violence contre les jeunes femmes et les filles et la discrimination sexuelle comme causes profondes de la fistule obstétricale, et le fait que la pauvreté reste le principal facteur de risque social ». Quelque peu technique, mais l’essentiel est là.

Le commun des mortels n’a peut-être jamais entendu parler de cette maladie, malgré le fait que deux millions de femmes dans les pays en développement vivent avec une fistule, et qu’entre 50 000 et 100 000 nouveaux cas surviennent chaque année. Une journée internationale permet un important travail de sensibilisation sur cette question au demeurant bien éloignée de nos JT habituels !

En outre, l’Assemblée générale développe dans ses résolutions les aspects de la question qui préoccupent le plus ses États Membres. En d’autres termes l’humanité dans son ensemble, considérant que l’Assemblée est composée de 193 pays, c’est-à-dire de la plupart des États du monde. Prenons par exemple, la résolution qui désigne le 23 juin comme étant la Journée internationale des veuves, dans laquelle l’Assemblée générale se déclare « profondément préoccupée par le fait que des millions d’enfants dont la mère est veuve risquent de connaître la faim, la malnutrition, le travail forcé, des difficultés d’accès aux soins de santé, à l’eau et à l’hygiène, la privation de scolarité, l’analphabétisme et la traite (des êtres humains) ». Finalement pas si éloigné des rues parisiennes à la tombée de la nuit pour qui sait regarder.

En surcroît de ses missions de sensibilisation dites grand public, l’ONU profite de ces occasions pour conseiller les États sur les actions à mener afin de tenter de résoudre les graves problèmes autour desquels gravitent nombre de ces Journées. Méconnue, la résolution proclamant la Journée internationale de la diversité biologique célébrée le 22 mai, dans laquelle l’ONU invite ses États Membres à signer et à ratifier le protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques relatifs à la Convention sur la diversité biologique.

Comment mesurer la portée de ces Journées ?

Selon les services de presse et de communication, les journées internationales sont les pages les plus visitées du site web de l’ONU ! Chaque journée internationale fait l’objet de la conception d’un site web dédié, disponible dans les six langues officielles de l’Organisation.

Ces pages internet servent également d’indicateurs de l’intérêt que suscite un sujet donné dans chaque région du monde. A cette fin, les services observent le niveau d’engagement que ces commémorations suscitent dans différentes régions et langues à travers le monde. Bien sûr aujourd’hui, est la Journée internationale des droits de l’homme qui a lieu le 10 décembre de chaque année. Selon les statistiques officielles, cette journée est célébrée dans le monde entier par de nombreuses initiatives. En Ouganda par exemple, un concours de rédaction est organisé, dans le cadre duquel des étudiants sont invités à réfléchir sur un large éventail de nouvelles questions liées aux droits de l’homme dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Au Cambodge, une campagne ayant pour thème le droit à la création a été lancée sur la base d’un processus participatif de production artistique. Enfin en Ukraine, une exposition photo en plein air illustre le vécu de celles et ceux qui ont été laissés pour compte durant la pandémie. En Amérique latine, un concert en ligne a été organisé explorant le rôle positif de la musique dans les efforts de relance économique.

Plus près de nous parce que probablement plus médiatisées, d’autres journées sont aussi très populaires comme la Journée internationale des femmes (8 mars), la Journée mondiale de l’eau (22 mars) ou la Journée internationale de la paix (21 septembre).

D’autre faits sont intéressants à propos de ces journées : le 21 mars est la date de cinq journées internationales différentes, tandis que le mois de juin est celui qui compte le plus grand nombre de journées internationales du calendrier.

Célébrer le multilinguisme comme un symbole d’universalité

Enfin, certaines journées internationales célèbrent les langues officielles de l’ONU. Le Département de la communication globale les a créées afin de reconnaître le multilinguisme et la diversité culturelle, ainsi que de promouvoir l’utilisation égale des six langues officielles au sein de l’Organisation. Les différents lieux d’affectation des Nations Unies dans le monde observent donc six journées des langues distinctes, chacune étant dédiée à l’une des six langues officielles de l’Organisation. Les Journées des langues à l’ONU ont pour but de divertir, d’informer et de renforcer la sensibilisation et le respect de l’histoire, de la culture et des réalisations de chacune des six langues au sein de la communauté des Nations Unies. Ces journées sont les suivantes :

20 mars – Journée de la langue française à l’ONU

20 avril – Journée de la langue chinoise à l’ONU

23 avril – Journée de la langue anglaise à l’ONU

23 avril – Journée de la langue espagnole à l’ONU

6 juin – Journée de la langue russe à l’ONU

18 décembre – Journée de la langue arabe à l’ONU

Bien d’autres célébrations ont mis en évidence ou mettent également l’accent sur le multilinguisme comme la Journée internationale de la langue maternelle (21 février), la Journée internationale de la traduction (30 septembre), l’Année internationale des langues autochtones (2019) et l’Année internationale des langues (2008).

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