Haro sur les cargos ! Les risques de guerres commerciales engendrent l’incertitude en 2025

par Olivier DELAGARDE
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Le commerce mondial devrait atteindre un niveau record de près de 33.000 milliards de dollars en 2024, a indiqué jeudi dernier une agence des Nations Unies. Relevant toutefois que les risques d’amplification des guerres commerciales combinés aux défis géopolitiques actuels, jettent un voile d’incertitude sur les perspectives en 2025. Et l’élection de Donald Trump n’est pas anodine.

Selon « ONU Commerce et développement », les perspectives commerciales pour 2025 sont assombries par « d’éventuels changements dans la politique des États-Unis », notamment des droits de douane plus importants qui pourraient perturber les chaînes de valeur mondiales et en conséquence impacter les principaux flux commerciaux.

Selon l’agence onusienne basée à Genève, les pays les plus exposés aux remues ménages de la politique commerciale américaine, sont probablement ceux qui ont d’importants excédents commerciaux avec les USA et des barrières tarifaires plus élevées.

La Chine, l’Inde, l’UE et le Viet Nam parmi les pays les plus exposés

Sur la base des chiffres de 2023 sur les transactions de marchandises, il s’agit notamment de la Chine (environ 280 milliards de dollars d’excédent commercial), de l’Inde (45 milliards de dollars), de l’Union européenne (205 milliards de dollars) ainsi que du Viêt Nam (105 milliards de dollars).

D’autres pays générant des excédents commerciaux, tels que le Canada (70 milliards de dollars), le Japon (70 milliards de dollars), le Mexique (150 milliards de dollars) et la République de Corée (50 milliards de dollars), peuvent potentiellement être confrontés à un risque de chute, bien que ces derniers imposent des droits de douane relativement moins élevés sur les importations américaines, ou bien encore qu’ils aient conclu des accords commerciaux bilatéraux à long terme.

En outre, la stabilité incertaine du dollar américain et les changements de politique macroéconomique aux États-Unis, s’ajoutent aux préoccupations commerciales mondiales. Ainsi formulé, la CNUCED exhorte par la voix de sa Secrétaire générale Rebeca Grynspan : « les pays en développement à adopter des politiques ciblées qui favorisent la diversification du commerce. Le commerce reste la pierre angulaire du développement durable. Pour saisir les opportunités en 2025, les économies en développement ont besoin d’un soutien coordonné pour naviguer à travers l’incertitude, réduire les dépendances et renforcer leurs liens avec les marchés mondiaux ».

Une hausse prévisible de 4% des importations de marchandises aux États-Unis

Le rapport décrit en détail et en chiffres, que les pays développés ont dépassé les pays en développement dans la croissance du commerce au troisième trimestre. Ainsi au troisième trimestre 2024, les économies des pays développés ont certes mené la croissance du commerce mondial, soutenues par une demande stable et une amélioration de la conjoncture générale.

Le Japon a enregistré la plus forte croissance trimestrielle des exportations de marchandises (5 %) et la plus forte hausse annuelle des exportations de services (13 %).

Outre-Atlantique, les États-Unis ont quant à eux vu leurs importations de marchandises progresser de 4% tant sur le trimestre que sur l’année, les exportations augmentant de 2% sur l’année et de 1% sur le trimestre seulement.

Plus près de nous, l’Union européenne a maintenu une croissance solide notamment dans les transactions de services, les importations et les exportations devant rester à priori positives sur l’ensemble de l’année.

Vers une augmentation des importations de services en Chine

En revanche, les zones en développement ont connu des difficultés au cours de la même période. Les importations ont diminué de 1 % au cours du trimestre, tandis que les exportations n’ont augmenté que de 1 %. Toutefois, les échanges des pays en voie de développement sont restés positifs sur une base annuelle, flirtant avec une croissance d’environ 3 %.

Vu de Pékin, les importations de biens ont diminué de 1 % au cours du trimestre et les exportations de marchandises ont baissé de 2 %, tandis que les importations de services ont diminué de 1 % au cours du trimestre. Toutefois, les exportations de services ont continué de croître, augmentant de 9 % sur le trimestre et de 9 % sur l’année, tandis que les importations de services ont augmenté de 17 % sur l’année.

Vers un pic record des échanges mondiaux

Pas de panique toutefois. Plus globalement, le commerce mondial devrait atteindre un niveau record de près de 33.000 milliards de dollars en 2024, avec une augmentation de 1.000 milliards de dollars due en grande partie à une hausse de 7 % du commerce des services. Le commerce mondial croît de 3,3 % en 2024, sous l’effet d’une hausse de 7 % du commerce des services.

Bien sûr, les économies développées et industrialisées ont tiré vers le haut la croissance du troisième trimestre, la stabilité constante de la demande a quant à elle entraîné une hausse de 3 % des importations, ainsi que de 2 % des exportations.

En revanche et face à de grandes instabilités géopolitiques, les économies en développement sont confrontées à un ralentissement de la croissance des échanges. Habituellement considérés comme de puissants leviers du commerce mondial, les pays en développement ont été confrontés à des vents contraires en 2024, avec une contraction des importations de 1 %, ainsi qu’une baisse du commerce Sud-Sud de la même ampleur au troisième trimestre.

Malgré ces défis, les pays en voie de développement notamment africains, ont encore la possibilité de tirer leur épingle du jeu, surtout sur les secteurs à forte croissance. Le commerce des technologies de l’information et de la communication (TIC), ainsi que l’industrie de l’habillement ont fait un bond, avec des augmentations significatives de 13 % et 14 %, respectivement au troisième trimestre 2024. Cette croissance souligne le potentiel de diversification et d’entrée dans les industries à valeur ajoutée, notamment du fait de petites mains à bas coûts.

En conclusion, la stabilité des prévisions de croissance mondiale et la baisse de l’inflation offrent la possibilité de renforcer la résilience de l’économie en 2025 et ce, pour tous. La seule condition posée : la stabilité géopolitique et intérieure de chacun !

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