par Olivier DELAGARDE
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Passé sous les radars médiatiques, l’Académie de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement ouvert ses portes à Lyon mardi dernier. En présence du directeur général de l’OMS le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, du président français Emmanuel Macron, aux côtés de dizaines de ministres de la santé, de représentants internationaux, de donateurs et de partenaires locaux français.

L’événement d’envergure internationale s’est effacé dans le foisonnement de l’actualité politique nationale en ébullition. Pour autant, ce nouveau positionnement de la France au regard de la santé mondiale n’en est pas moins anodin. Lors de cette inauguration de dimension internationale, Emmanuel Macron déclara : « Aujourd’hui, nous pouvons être fiers d’ouvrir dans la ville de Lyon les portes d’une nouvelle institution mondiale, qui apportera le meilleur en termes de formation et d’innovation dans le domaine de la santé ».

L’acquisition de compétences essentielles aux nouvelles problématiques de santé mondiales

Ce projet qualifié de « révolutionnaire » par l’organisation onusienne, doit en effet permettre aux professionnels et chercheurs de santé du monde entier, aux décideurs politiques ainsi qu’aux vigies de l’OMS, d’accéder aux connaissances et compétences essentielles, aux partages de données de recherche ainsi qu’au savoir-faire de pointe en matière clinique, grâce à des formations dispensées dans ses locaux à Lyon, et partout dans le monde à travers sa plateforme en ligne.

Selon le chef de l’OMS, « les produits techniques de classe mondiale de l’agence sanitaire restent souvent inutilisés et leur traduction en actions concrètes entravée ».

Ainsi, « L’Académie de l’OMS va changer la donne, c’est un centre d’apprentissage en santé mondiale, le premier du genre, qui dotera les professionnels de la santé et des soins, les décideurs et notre propre main-d’œuvre mondiale des compétences et des aptitudes dont ils ont besoin pour transformer les systèmes de santé et assurer la santé pour tous », insiste le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesu, à l’occasion de cette inauguration.

Des objectifs clairs et chiffrés : former 3 millions d’agents de santé en 5 ans

L’Académie s’est fixé comme objectif ambitieux mais réaliste, de former 3 millions d’agents de santé venus du monde entier, aux risques contemporains nouveaux : infirmières, médecins cliniciens, sage-femmes, biologistes, épidémiologistes et chercheurs, ainsi que 900 décideurs politiques et représentants diplomatiques, 13.000 gestionnaires nationaux de la santé publique, d’ici 2028.

Pour se faire, ce centre international de connaissances  produira 50 à 80 cours par an entre 2025 et 2028, soit un total d’environ 260 nouveaux cours d’ici 2028, dont l’accès sera généralisé au travers de sa plateforme d’apprentissage et de partages de données en ligne.

« Cette plateforme propose des cours gratuits et de pointe sur des sujets de santé prioritaires, permettant ainsi aux professionnels du monde entier d’accéder à une formation de grande qualité, quelle que soit leur situation géographique », est-il ainsi précisé dans sa charte.

Selon l’OMS, il s’agit du programme de formation continue « le plus ambitieux jamais conçu dans le domaine de la santé publique ».

Permettre un accès aux ressources technologiques les plus avancées

L’Académie de l’OMS entend également remédier aux faiblesses identifiées dans les systèmes d’informations de santé, plus particulièrement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, en particulier l’Afrique.

Cette dernière compte aussi remédier au fossé qui se creuse en termes d’accès aux recherches et aux innovations les plus récentes, grâce aux partenariats établis avec les meilleurs instituts universitaires et de recherche en santé publique du monde entier, notamment ceux des pays développés.

En vue de construire et de partager l’accès aux technologies les plus avancées pour la santé et les soins, ainsi que la recherche et le développement dans le domaine de la santé y compris l’IA, l’Académie apportera des capacités et une efficacité supplémentaires directement aux systèmes de santé locaux.

« Les derniers développements en matière de technologie et d’IA seront très puissants pour rendre les soins de santé plus accessibles partout. Cet investissement profitera à tous, car des travailleurs de la santé mieux formés sont absolument essentiels pour rendre monde plus sûr, notamment pour prévenir les futures pandémies et y répondre », a souligné pour sa part le président français Emmanuel Macron.

Lyon capitale de la santé mondiale ? Incontestablement

Pôle régional pétrochimique historique, la capitale des gaules est déjà doté depuis plusieurs années d’un laboratoire d’analyses biologiques de haut niveau, classé au rang de P4 (NDLR : La classification P4 d’un laboratoire signifie « pathogène de classe 4 » et le rend susceptible d’abriter des micro-organismes très pathogènes. Dans le monde, les laboratoires de ce type sont également nommés « BSL 4 », de l’anglais : biosafety level 4). Ces agents de classe 4 sont caractérisés par leur haute dangerosité (taux de mortalité très élevé en cas d’infection), l’absence de vaccin protecteur, l’absence de traitement médical efficace, et la transmission possible par aérosols. La protection maximale exigée pour manipuler ces germes est désignée par le sigle NSB4 (niveau de sécurité biologique 4).

Aussi la Ville de Lyon a accueilli en décembre dernier, pour sa première édition, le festival de la santé mondiale. De fait, la région lyonnaise renforce son importance dans le milieu de la recherche et de l’innovation médicale.

Derrière ce festival, se cache surtout un écosystème lyonnais qui a poussé l’OMS, il y a 23 ans de cela, à installer une première antenne dans la Ville. Deux décennies plus tard, la barre est fixée encore plus haute avec cette Académie, qui sera située au cœur du bio district de Gerland. « L’Académie doit être une institution internationale au service de l’ensemble des états membres de l’OMS », argumente son directeur David Atchoarena. « Mais elle doit aussi contribuer à la dynamique et aux efforts de promotion de la santé mondiale à partir de Lyon. Qui devient, en France, un pôle de rayonnement pour porter cette vision », ajoute ce dernier.

Le nouveau campus ultramoderne de l’Académie de l’OMS s’étend sur 11.000 mètres carrés et comprend : vingt-deux salles de formation, deux salles d’enseignement à distance, un centre de simulation, un centre d’opérations d’urgence, un studio d’enregistrement pour la télévision, un auditorium moderne et enfin une bibliothèque.

En outre, l’approche environnementale des bâtiments, représentée sous le concept de One Health (une seule santé), n’est pas pour déplaire à la Métropole et à la Ville de Lyon, sous pavillons écologiques depuis 2020. Désormais, la région lyonnaise tient donc un festival de santé à son image et à ses couleurs, ainsi qu’une pôle international de formation renforçant le rayonnement du territoire rhônalpin.

Cette initiative pionnière, lancée il y a sept ans, a bien entendu été rendue possible grâce au soutien généreux du gouvernement français, de la région Auvergne-Rhône-Alpes, de la ville et de la métropole de Lyon ainsi d’autres partenaires mondiaux. Toutefois, tant le montant global de l’opération que sa répartition des financements, n’ont pas été rendus publiques.

« Je suis convaincu que ce partenariat solide avec l’OMS témoignera de notre confiance dans sa capacité à guider nos politiques de santé dans le monde entier et à coordonner nos actions, afin d’être toujours plus efficaces au service de nos populations sur le terrain », a estimé Emmanuel Macron.

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