Sans surprise, la conférence sur la désertification s’achève à Riyad sans parvenir à un accord sur la lutte contre sécheresse

par Olivier DELAGARDE
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Après deux semaines de négociations intenses, la conférence des Nations Unies sur la désertification dite COP16, s’est achevée la semaine passée à Riyad sur un nouvel échec. Avec un jour de retard et sans parvenir à un accord contraignant sur la lutte contre la sécheresse.

Sans tambours ni fanfares, près de 200 pays étaient réunis en Arabie Saoudite lors de la 16e Conférence des Parties (COP16) à la Convention des Nations Unies. Après d’intenses journées de discussions et de tergiversations, sans réelles résolutions, visant à la lutte contre la désertification (CNULCD), ces derniers se sont toutefois engagés à placer la restauration des terres et la résilience face à la sécheresse, au cœur de leurs politiques nationales et de coopération internationale.

Toutefois et faute d’engagements plus fermes pour ne dire contraignants, ces efforts sont perçus comme une avancée essentielle en vue d’assurer la sécurité alimentaire et une adaptation au changement climatique. Les représentants des différents pays présents, semble en outre avoir réalisé des progrès significatifs dans les négociations d’un « futur régime mondial sur la sécheresse » qu’ils prévoient de finaliser lors de la COP17 en Mongolie, devant se dérouler en 2026, a souligné le Secrétariat exécutif de la CNULCD dans un communiqué de presse.

Nerf de la guerre, plus de 12 milliards de dollars ont en outre été « promis » visant à la mise en place d’opérations contre la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse à travers le monde, notamment dans les pays les plus vulnérables. Bien sûr et selon l’adage, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

Toutefois il est à noter dans la conclusion des débats, que parmi les principales avancées de la COP16, figurent en langage onusien, la création d’un Caucus pour les peuples autochtones, ainsi que d’un autre visant les communautés locales. Plus clairement, ces engagements ont pour objectifs de garantir que leurs perspectives et défis uniques soient pleinement représentés : la poursuite du groupe Science-Politique de la Convention afin de renforcer les décisions fondées sur des données scientifiques, ainsi que la mobilisation du secteur privé dans le cadre de l’initiative Business4Land.

« Notre travail ne s’arrête pas à la clôture de la COP16. Nous devons continuer à répondre à la crise climatique—un appel à l’action pour embrasser l’inclusivité, l’innovation et la résilience. Les jeunes et les peuples autochtones doivent être au centre de ces discussions. Leur sagesse, leurs voix et leur créativité sont indispensables pour construire un avenir durable porteur d’espoir pour les générations futures », a insisté la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies Amina J. Mohammed, dans une déclaration solennelle.

Des solutions à notre portée, surtout des pays les plus riches

Pavé de bonnes intentions lors de son allocution de clôture, le Président de la COP16 Abdulrahman Alfadley, ministre saoudien de l’Environnement, de l’eau et de l’agriculture, n’a pas manqué de déclarer que cette réunion marquait un tournant dans la sensibilisation internationale à l’urgence d’accélérer la restauration des terres et la résilience face à la sécheresse. « Nous espérons que les résultats de cette session marqueront un tournant significatif en renforçant les efforts pour préserver les terres, réduire leur dégradation, développer les capacités pour faire face à la sécheresse et contribuer au bien-être des communautés à travers le monde », a-t-il déclaré.

Aussi, lors de cette même plénière de clôture de la COP16, le Secrétaire exécutif de la CNULCD Ibrahim Thiaw, a quant à lui souhaité dans un vœu pieu : « Comme nous l’avons discuté et constaté, les solutions sont à notre portée. Les actions que nous avons entreprises aujourd’hui façonneront non seulement l’avenir de notre planète, mais aussi la vie, les moyens de subsistance et les opportunités de ceux qui en dépendent ».

Tout en soulignant également qu’un changement important s’opérait dans « l’approche mondiale des questions relatives à la terre et à la sécheresse, mettant en lumière les défis interconnectés avec des enjeux mondiaux plus vastes tels que le changement climatique, la perte de biodiversité, la sécurité alimentaire, les migrations forcées et la stabilité mondiale ». Enfin !

Entre besoins financiers et engagements, les cœurs balancent

Au cours de la conférence et pourtant bien installés dans leurs fauteuils, les participants ont bien failli vacillés alors que la CNULCD leur a assené qu’au moins 2.600 milliards de dollars d’investissements seront nécessaires d’ici 2030 afin de restaurer plus d’un milliard d’hectares de terres dégradées, puis de renforcer la résilience face à la sécheresse. Un chiffre en effet, à faire tourner la tête, car ce dernier ne représente pas moins un investissement quotidien de 1 milliard de dollars d’ici 2030, pour atteindre les objectifs mondiaux de restauration des terres, puis lutter contre la désertification et la sécheresse.

D’ores et déjà et en signe de bonne volonté, de nouveaux engagements ont été annoncés visant à des projets à grande échelle de restauration des terres et de préparation à la sécheresse, tels que le Partenariat mondial pour la résilience à la sécheresse de Riyad, qui a été abondé de 12,15 milliards de dollars, dont un engagement de 10 milliards du Groupe de coordination arabe. Cette première enveloppe devrait intervenir en soutien de 80 des pays les plus vulnérables identifiés, dans la mise en place d’initiatives stratégiques et matérielles. 

Le Grand Mur Vert (GMV), une initiative dirigée par l’Afrique pour restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées, a également mobilisé 11 millions d’euros du gouvernement italien pour la restauration des paysages au Sahel, ainsi que 3,6 millions d’euros du gouvernement autrichien visant à renforcer la coordination et la mise en œuvre de l’initiative dans 22 pays africains.

Une voix plus forte pour les populations autochtones

Dans une décision historique de la convention, les Parties ont convenus de la création d’un « Caucus pour les peuples autochtones » et d’un « Caucus pour les communautés locales ». L’objectif fixé est de garantir que leurs perspectives et priorités particulières soient adéquatement représentées dans les travaux de la Convention. La déclaration « Terres sacrées », présentée lors du Forum inaugural des peuples autochtones à une COP de la CNULCD, a souligné le rôle des peuples autochtones dans la gestion durable des ressources, en appelant en outre à une plus grande participation à la gouvernance mondiale des terres et de la sécheresse, y compris par la participation aux efforts de restauration des terres.

« Aujourd’hui, l’histoire a été écrite », a conclu Oliver Tester  représentant des peuples autochtones d’Australie. « Nous sommes impatients de défendre notre engagement à protéger la Terre Mère à travers un Caucus dédié, et de quitter cet espace en ayant confiance que nos voix seront entendues ».

Dans un élan d’optimisme propre à chaque clôture de COP, le communiqué de presse final affirme que les pays avaient « fait des progrès significatifs en jetant les bases d’un futur régime mondial de lutte contre la sécheresse, qu’ils ont l’intention d’achever lors de la COP17 en Mongolie en 2026 ». Ainsi soit-il.

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