Les exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) de l’Algérie continuent de jouer un rôle crucial dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Parmi les principaux partenaires commerciaux de l’Algérie en matière de gaz, la France occupe une position stratégique, se classant au deuxième rang des plus grands importateurs en 2024.
Selon un récent rapport publié par la plateforme de recherche énergétique « Energie », les exportations algériennes de GNL ont atteint 2,76 millions de tonnes entre octobre et décembre 2024, soit une hausse de 6 % par rapport au trimestre précédent (2,61 millions de tonnes). Cette progression marque une reprise après léger recul enregistré au troisième trimestre.
Toutefois sur l’ensemble de l’année 2024, les exportations annuelles de gaz algérien ont marqué une baisse, passant de 13,45 millions de tonnes en 2023 à 11,62 millions de tonnes. Cette diminution résulte de plusieurs facteurs combinés, notamment des travaux de maintenance sur la station de liquéfaction d’Arzew, un site clé de production, ainsi qu’une augmentation importante de la demande intérieure en raison de températures estivales exceptionnellement élevées.
En parallèle, la répartition des exportations de GNL met en lumière une prédominance des pays européens parmi les bons clients de l’Algérie. L’autre rive de la méditerranée a ainsi absorbé la majeure partie des exportations algériennes, confirmant l’importance stratégique de ce marché pour le secteur gazier algérien.
La France, un client incontournable et essentiel d’Alger
La France s’est imposée comme le deuxième plus grand importateur de GNL algérien en 2024, avec un volume d’importations de 3,26 millions de tonnes. Cette dernière se place seconde après la Turquie, qui a quant à elle importé 4,05 millions de tonnes, mais toutefois devant d’autres partenaires européens tels que l’Espagne (1,66 million de tonnes ) et l’Italie ( 1,39 million de tonnes ).
Ce positionnement dans le carnet de commandes d’Alger, s’inscrit dans un contexte de forte dépendance européenne au gaz naturel, mais aussi d’une stratégie visant à diversifier ses sources d’approvisionnement. En effet depuis plusieurs années, l’Europe cherche à contrôler sa dépendance vis-à-vis de fournisseurs historiques comme la Russie, favorisant ainsi le développement des relations commerciales avec des pays africains tel que l’Algérie.
L’intérêt de la France pour le GNL algérien se justifie en outre par la grande proximité géographique des deux pays, et l’existence d’infrastructures sûres facilitant l’importation et la distribution du gaz. Cela renforce le rôle de la France en tant que partenaire de premier plan dans le secteur énergétique algérien.
Face à la demande croissante, les nouveaux défis du secteur gazier algérien
Malgré ces résultats positifs et devant une demande particulièrement croissante sur son marché, le secteur gazier algérien doit néanmoins faire face à de nouveaux défis. En effet, la baisse des exportations annuelles en 2024, bien que partiellement liée à de multiples facteurs conjoncturels internationaux, met en lumière des difficultés structurelles. L’une des principales interrogations vise notamment les investissements nécessaires pour la modernisation des infrastructures de production et de transport.
Aussi, des travaux de maintenance réguliers, comme ceux observés à la station d’Arzew, ralentissent temporairement les capacités d’exportation. Cette relative instabilité de la production impose inéluctablement à l’Algérie d’investir dans des infrastructures plus robustes et stables, puis de diversifier ses installations afin de garantir une offre constante à ses clients.
Également, la demande nationale toujours plus importante constitue un autre enjeu pour Alger. Ainsi durant l’été 2024, les températures particulièrement élevées ont conduit à une consommation locale record d’électricité, impactant de fait les volumes disponibles à l’exportation. Cet épisode estival illustre l’impérieuse nécessité pour Alger d’une gestion équilibrée entre la satisfaction des besoins locaux et l’approvisionnement des marchés internationaux.
Des perspectives durables pour le gaz algérien en Europe malgré les divergences diplomatiques
Malgré ces conditions structurelles indispensables et au-delà des récentes divergences politiques épistolaires entre la Paris et Alger, l’Algérie reste un acteur clé du marché énergétique européen. Renforcé par son positionnement de deuxième exportateur de GNL en Afrique, le pays dispose d’un potentiel incontestable afin de renforcer sa position sur le marché mondial du gaz. Le développement de ses infrastructures, adossé à une stratégie commerciale ciblée, pourrait permettre à l’Algérie d’augmenter ses parts de marché notamment en Europe, où la demande reste forte.
En outre, le virage énergétique en Europe bien qu’orienté vers les énergies renouvelables, maintient le gaz naturel comme une source essentielle pour la production d’électricité et le chauffage à court et moyen terme. Dans ce contexte, l’Algérie pourrait capitaliser sur sa proximité géographique et ses réserves abondantes afin de répondre aux besoins croissants des pays européens. Et en faire un bras armé de sa diplomatie.