Le nouveau maître de Damas en Arabie Saoudite pour sa première visite à l’étranger

par Olivier DELAGARDE
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Le président syrien par intérim Ahmed al-Charaa, a effectué ce dimanche en Arabie saoudite, sa première visite à l’étranger depuis qu’il a pris le pouvoir en Syrie. Le nouveau leader syrien espère attirer les investisseurs pour reconstruire le pays.

Une première pour le nouveau dirigeant de Damas. Le président syrien par intérim a effectué dimanche 2 février en Arabie saoudite, sa première visite à l’étranger depuis qu’il a pris le pouvoir en Syrie après avoir renversé Bachar al-Assad.

Accompagné de son ministre des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani, Ahmed al-Charaa (NDLR : de son nom de guerre Abou Mohammed al-Joulani) a été accueilli par plusieurs dignitaires saoudiens à sa descente d’avion, selon des images largement diffusées par la télévision d’État saoudienne Al-Ekhbariya.

Ainsi, le nouveau maître de Damas a rencontré le prince héritier et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, a précisé la chaîne sans toutefois en préciser ni le moment ni en quelles conditions.

Plus tôt dimanche, la présidence syrienne avait diffusé une photo d’Ahmed al-Charaa et de son chef de la diplomatie à bord de ce qui semble être un avion privé, et l’agence officielle syrienne Sana annonçait quant à elle une prochaine rencontre à Riyad entre Chareh, Chaïbani et le prince héritier Mohammed ben Salmane.

Ahmed al-Charaa a été nommé mercredi dernier, président par intérim pour la période de transition en Syrie, lors d’une réunion à huis clos du « Commandement général des opérations militaires », sa coalition de groupes armés islamistes sunnites ayant renversé le pouvoir des Assad le 8 décembre.

A la quête d’investisseurs étrangers

Les autorités syriennes comptent sur les riches pays du Golfe, non hostiles, pour financer la reconstruction et participer au redressement de l’économie en Syrie, asphyxiée par les sanctions internationales et ravagée par près de 14 années de guerre civile.

Financier majeur du monde arabe, l’Arabie saoudite, monarchie sunnite, a félicité jeudi Ahmed al-Charaa pour sa nomination, puis lui a souhaité « succès et réussite ».

Ahmed al-Charaa avait déclaré fin décembre à la chaîne saoudienne al-Arabiya, que le royaume jouerait « certainement un rôle important » dans l’avenir de la Syrie, évoquant « une grande opportunité d’investissements ».

Aussi, ce dernier  avait révélé son attachement au royaume, qu’il était né en Arabie saoudite, où travaillait son père et qu’il y avait passé les sept premières années de sa vie.

Pour Rabha Seif Allam,  analyste au Centre d’études politiques et stratégiques d’al-Ahram au Caire, Riyad « joue un rôle clé dans la réintégration de la nouvelle Syrie au sein du monde arabe et sur la scène internationale ».

Le calme retrouvé, une recomposition du monde arabe

La première économie du monde arabe, assure-t-elle, « tire un bénéfice direct de la stabilisation de la Syrie post-Assad », expliquant que « l’Iran est désormais écarté du paysage syrien, affaiblissant son influence régionale et que le trafic de drogue en provenance de Syrie vers les Etats du Golfe, qui représentait un facteur de déstabilisation, appartient désormais au passé ». L’ère de l’Iran soutien inconditionnel de Damas et de Bachar al-Assad, est révolue.

« En éloignant Téhéran de la Syrie », Ahmed al-Charaa « a rendu un service stratégique à l’Arabie saoudite », conclut-elle.

Si l’Arabie saoudite et l’Iran ont néanmoins mis fin en 2023 à une brouille de sept ans, les deux puissances restent en désaccord sur plusieurs dossiers stratégiques, notamment la guerre au Yémen, où Téhéran soutient les rebelles houthis tandis que Riyad dirige une coalition appuyant les forces gouvernementales.

Les monarchies du Golfe accusent également Téhéran d’ingérence dans de nombreux dossiers arabes.

Jeudi, le gouvernement syrien avait reçu la visite de l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, qui de son côté a dit espérer un gouvernement « représentant toutes les composantes » de la société syrienne, afin de « consolider la stabilité et avancer dans les projets de reconstruction et de développement ».

Selon Damas, les deux pays ont également discuté d’un « cadre global pour l’engagement bilatéral en matière de reconstruction ».

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Damas a accueilli plusieurs délégations diplomatiques de haut rang, arabes et occidentales, venues rencontrer les nouvelles autorités syriennes.

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