Les Houthis du Yémen continuent de défier Israël en soutien à l’Iran

par Olivier DELAGARDE
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Bras armé, devenu indispensable à l’Iran après les pertes infligées à ses factions palestiniennes et libanaises, les rebelles houthis au Yémen annoncent maintenir leur pression sur l’Etat israélien malgré l’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Depuis le début du conflit entre l’Etat Hébreu et le Hamas en territoires palestiniens, les Houthis du Yémen n’ont jamais interrompu leurs tirs de dizaines de missiles et de drones en direction d’Israël, visant ainsi les navires qu’ils estiment lui être liés, notamment en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.

Membres armés et revendiqués comme un partenaire majeur de l’axe de la résistance iranien, engagés en soutien aux Palestiniens, ces groupes nombreux et éparses stratégiquement dans leurs positions, restent particulièrement actifs malgré les frappes répétées menées par Israël, les Etats-Unis et parfois le Royaume-Uni.

Principalement basés au nord du Yémen, les Houthis après avoir renversé le gouvernement yéménite de Sanaa en 2014, se sont emparés depuis de larges pans du territoire, avec le soutien de Téhéran, ennemi juré d’Israël.

Soutien inconditionnel et viscéral à l’axe de la résistance initié par l’Iran face à Israël, regroupant aussi les mouvements islamistes du Hamas, des groupes irakiens ou bien encore du Hezbollah libanais. Mais contrairement à ces derniers, qui ont été largement mis à l’épreuve ces derniers mois par les assauts de Tsahal, les Houthis « se sont renforcés et sont maintenant un membre indispensable de l’axe », souligne Thomas Juneau, professeur à l’Université d’Ottawa.

Par conséquent, ils « sont devenus beaucoup plus importants pour l’Iran », souligne ce spécialiste du Yémen.

Leurs combats et coups portés tant à Tsahal qu’à son allié à la bannière étoilée dans le conflit à Gaza, renforcent en outre leur popularité au Yémen, pays très pauvre dont les 30 millions d’habitants sont largement acquis à la cause islamiste.

Dès vendredi dernier, leur porte-parole militaire Yahya Saree, faisait état de trois nouvelles opérations militaires « à succès » à l’encontre d’Israël, ainsi qu’une quatrième visant un porte-avion américain manœuvrant en mer Rouge. Pour l’heure, ces attaques n’ont pas encore été confirmées tant par l’armée israélienne qu’américaine.

Le chef des rebelles Abdel Malek al-Houthi, avait annoncé la veille que l’arrêt des hostilités dépendrait du respect strict par Tsahal de l’accord de trêve à Gaza.

« Nous suivrons les étapes de la mise en œuvre de l’accord, et s’il y a la moindre violation israélienne, massacre ou siège, nous serons prêts à réagir », a-t-il déclaré dans un discours diffusé sur la chaîne de télévision de leur organisation.

Un discours peu enclin à la diplomatie dans lequel Abdel Malek al-Houthi a également réaffirmé que son mouvement continuerait à mobiliser des combattants, ainsi qu’à développer son arsenal militaire en vue du « prochain round de confrontation », commente Mohammed Al-Basha fondateur de Basha Report, un cabinet de conseil en risque basé aux Etats-Unis.

Une nouvelle vague de soutien populaire

Également vendredi, plusieurs mouvements de milliers de Yéménites se sont rassemblés dans les zones sous contrôle houthi, notamment à Sanaa. Comme chaque semaine depuis 15 mois, une marée humaine en liesse a envahi le centre de la capitale, tenue d’une main de fer par les rebelles.

« Nous sommes là pour célébrer la victoire (des Palestiniens), celles de nos missiles et nos drones qui ont obligé Israël à arrêter son agression contre Gaza », affirme l’un des manifestants Zeid al-Astout.

Plus loin, Khaled al-Matri un partisan houthi, veut malgré tout croire en l’accord de trêve annoncé mercredi. Mais « nous ne plierons pas, jusqu’à la disparition de l’entité sioniste, si Dieu le veut », ajoute-t-il avant de scander « Mort à l’Amérique, mort à Israël ».

A Hodeida, ville de l’ouest du pays également contrôlée par les Houthis, certains habitants sont plus mesurés, bien que discrètement : « les Houthis n’ont jamais rien fait de positif. Leur soutien à Gaza est la seule chose qui leur permet de dorer leur image », se méfie Assem Mohammed, 36 ans.

Hanaa Abdel Rahmane, enseignante dans la même ville, craint que les Houthis ne cherchent à tout prix à maintenir « l’élan populaire obtenu grâce à leur soutien à la Palestine », au risque d’aggraver les représailles sur un Yémen déjà dévasté par dix ans de guerre civile.

Selon le professeur à l’Université d’Ottawa Thomas Juneau, les attaques pourraient cesser uniquement à court terme après l’entrée en vigueur prévue dimanche de la trêve et l’échange d’otages retenus à Gaza contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël. Mais étant donné leurs objectifs régionaux, leur idéologie et la pression constante sur l’allié iranien, il est plus que probable qu’à nouveau les Houtis brandissent la menace d’attaques en mer Rouge afin de maintenir la pression sur l’Etat Hébreu, mais aussi sur les Etats-Unis.

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