La Russie et l’Iran signent un accord de partenariat stratégique

par Olivier DELAGARDE
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Le président russe Vladimir Poutine a reçu son homologue iranien au Kremlin, où les deux dirigeants ont notamment annoncé un renforcement de leur coopération militaire.

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue iranien Massoud Pezeshkian, ont signé le vendredi 17 janvier dernier au Kremlin, un accord de partenariat stratégique visant à renforcer  notamment leur « coopération militaire », dans le cadre de leur alliance désirée comme un contrepoids à tout « diktat » de l’Occident.

Soumis respectivement à de lourdes sanctions internationales qui affectent leurs économies, Moscou et Téhéran mettent ainsi un coup d’accélérateur à leur rapprochement initié ces dernières années, en particulier depuis le début du conflit en Ukraine.

Des objectifs ambitieux annoncés

En effet, les deux pays n’ont toujours pas digéré en décembre, l’échec commun s’assimilant à une perte d’influence avec la fuite de Syrie de leur allié Bachar al-Assad. Ce 17 dernier donc, Vladimir Poutine et Massoud Pezeshkian ont ainsi ratifié un « accord de partenariat stratégique global », ce pacte couvrant de multiples sujets civils et militaires.

« Il s’agit d’un texte aux objectifs ambitieux », s’est d’ores et déjà targué le maître du Kremlin, en affirmant que « Moscou et Téhéran s’opposaient ensemble à tout diktat venu de l’extérieur ». Massoud Pezeshkian s’est lui satisfait d’un accord qui ouvrira des « horizons entre les deux pays », fin de citation.

L’accord que GEOpolitics a pu consulter, prévoit notamment de « développer la coopération militaire »,  ainsi qu’un soutien mutuel face à des « menaces sécuritaires », selon le contenu de ce pacte en 47 articles publié par le Kremlin dès sa signature.

A la lecture du document, il ressort toutefois que si la Russie ou l’Iran devait faire face et être l’objet d’une « agression », l’autre pays ne fournirait aucune aide à l’agresseur. Ce point possiblement interprétable, ne prévoit néanmoins aucunement que les pays signataires s’apporteraient une assistance militaire dans ce cas de figure.

Une collaboration sur l’installation d’une énergie nucléaire envisagée

Souvenons-nous, Moscou avait conclu un texte portant le même nom avec la Corée du Nord l’an passé. Aussi, un article de ce document de l’époque prévoyait lui « une aide militaire immédiate » en cas d’agression armée d’un pays tiers.

Mais se voulant « rassurant », le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, cité par des médias russes, a affirmé cette semaine que le traité avec Téhéran ne visait pas à « créer une alliance militaire » similaire à celle scellée entre Moscou et Pyongyang.

La Corée du Nord est régulièrement accusée par les autorités de Kiev, appuyées par plusieurs puissances occidentales, d’avoir envoyé des soldats se mêler aux combats aux côtés de l’armée russe, contre les forces ukrainiennes. Moscou et Pyongyang n’ont jamais ni confirmé, ni démenti.

Téhéran est de son côté, pointé du doigt par les occidentaux pour fournir des drones explosifs ainsi que des missiles de courte portée à la Russie, se faisant ainsi l’allié de l’armée russe en Ukraine. Là encore, des accusations balayées d’un revers de manche par l’Iran.

Aussi l’accord signé ce vendredi prévoit en outre des échanges « dans le domaine des utilisations pacifiques de l’énergie atomique », notamment « la construction d’installations d’énergie nucléaire ». A froid rien de neuf sous le soleil, Téhéran et Moscou se voulant faire contrepoids, avec Pékin et Pyongyang, à l’influence US. Ainsi les partenaires renforcent des liens étroits tout en se soutenant dans de nombreux dossiers internationaux, du Moyen-Orient au conflit en Ukraine.

Et du côté de Gaza ?

Cette signature est intervenue quelques jours avant le retour dans le bureau ovale à Washington de Donald Trump, adepte d’une politique dite de la « pression maximale » envers l’Iran durant son premier mandat entre 2017 et 2021.

Lors de sa campagne et à grands renforts de relais médiatiques, le président américain a aussi promis de rapidement mettre un terme au conflit en Ukraine, sans en préciser la méthode.

Vendredi dernier Massoud Pezeshkian a de son côté appelé, durant sa conférence de presse commune avec Vladimir Poutine, à « des négociations et la paix » entre Moscou et Kiev, trois ans après le début de l’assaut lancé par le Kremlin.

Une précédente traduction en russe de ses propos évoquait un « règlement politique » de ce conflit.

Les deux dirigeants ont également précisé avoir évoqué l’accord de trêve entre Israël et le Hamas, Vladimir Poutine espérant une « stabilisation à long terme ».

« Nous espérons qu’un cessez-le-feu permanent sera établi à Gaza et que les agressions sur cette terre cesseront », a ainsi exprimé Massoud Pezeshkian. « L’Iran et la Russie, conscients de leur responsabilité historique, construisent un nouvel ordre », a en outre ajouté Abbas Araghchi, le chef de la diplomatie iranienne, dans un article publié cette semaine par l’agence de presse russe Ria Novosti. Affirmant qu’il s’agissait de remplacer « l’hégémonie », (NDLR : sous-entendu occidentale) par la « coopération ».

Dès son arrivée vendredi matin à Moscou, Massoud Pezeshkian a tenu a marqué son amicale présence par le dépôt d’une gerbe de fleurs devant la tombe du Soldat inconnu, avant de rencontrer le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine.

La dernière rencontre entre Massoud Pezeshkian et Poutine datait d’octobre dernier, lors du sommet des BRICS en Russie. Vladimir Poutine avait alors fait le vœu d’une consolidation de la « dynamique positive » notamment en matière de coopération économique.

En effet, il ne fait plus mystère du souhait du Kremlin de développer un projet de corridor logistique, rail et maritime, entre Moscou, Bakou et Téhéran, sur un axe nord-sud.

Pour sa part, Vladimir Poutine s’était rendu en Iran pour la dernière fois en juillet 2022, tandis que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, avait été reçu à Téhéran à l’automne dernier afin d’engager plusieurs discussions stratégiques avec plusieurs dirigeants de la région.

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