Ce qui se passe dans le monde suscite forcément la curiosité de tout amateur de cinéma et de divertissement. Beaucoup ne se soucient pas de savoir si l’information est réelle ou pas, car le sensationnalisme et l’immédiateté sont attirent le grand public.
Une scène internationale sans hommes d’Etats ni politiques authentiques
Cette situation décrit une planète aussi bien contaminée par les émissions de CO2 que par l’irrationalité d’une mondialisation marquée par les contradictions et les déséquilibres géopolitiques. Ses conséquences nous révèlent un monde fragile et instable, démontrant que l’éruption de l’ère « multipolaire » a favorisé des ambitions impensables dans de petits pays très similaires aux grandes puissances, ressuscitant un unilatéralisme beaucoup plus hégémonique.
Ce contexte décrit un scénario international dépourvu d’hommes d’État et de dirigeants politiques authentiques, dont le rôle est tenu pris par des acteurs ou des intrus qui prennent des décisions instinctives et hâtives basées sur l’impulsivité, sans tenir compte du fait que l’administration de la politique requiert des gestionnaires prudents et perspicaces.
La confusion de ce qui se passe actuellement dans le monde nous conduit à des scénarios indéchiffrables, inédits et dangereux. Il existe une mise en scène qui nous oblige à adopter un point de vue critique et responsable et à assumer une plus grande ingérence sociale dans les événements politiques qui pourraient, à court terme, compromettre la paix et la sécurité internationales.
En raison d’anciennes pratiques politiques, les gouvernements prennent généralement des décisions convaincues que la démocratie n’a pas besoin d’un audit citoyen ou de l’opinion de ses opposants, et c’est une terrible erreur car le non-respect compromet non seulement la gouvernance et la prospérité, mais également la consultation rigoureuse aux questions liées aux tensions et les conflits externes.
Le concept d’« État-de bien être » est par définition complexe et peu polyvalent dans la psyché de nombreux politiciens, car difficilement ne parvient guère à simplifier la recherche d’un équilibre entre les relations de pouvoir et les relations économiques. Éviter la juxtaposition de ces deux éléments demande beaucoup d’audace et d’intelligence, et surtout une réflexion psychologique et intellectuelle. Si ces éléments ne sont pas présents dans l’équation, un examen minutieux des facteurs qui conduisent à l’échec de la politique internationale s’impose.
La psychologie des acteurs devient un facteur important de toute analyse géopolitique
Nous sommes alors confrontés à une géopolitique multiforme dans sa définition, mais totalement déformée dans sa résolution. Systématiquement, on assiste à l’exercice d’une diplomatie conflictuelle qui, au lieu de rapprocher les positions, les a amplifiées par des désaccords, des menaces et des disqualifications publiques. Et les grands médias et les réseaux sociaux en ont profité pour reproduire un grand divertissement assez rentable et inhabituel.
Tout cela nous montre que les relations internationales traversent une période de grande incertitude, où les pratiques diplomatiques et le protocole sont constamment violés. L’hétérogénéité des discours est devenue un fait commun qui brise la cohérence et la verticalité de la morale politique. Les analyses actuelles ont été contraintes de mettre de côté les fondements théoriques et de concevoir de nouveaux diagnostics basés sur l’imprévisibilité comme facteur de surprise dans la formulation d’une géopolitique pathologique. La psychologie constitue donc un élément fondamental dans la compréhension de la géopolitique d’aujourd’hui car elle nous amène à étudier non seulement la politique extérieure, mais aussi la personnalité des acteurs politiques.
La capacité que nous pouvons avoir à comprendre l’orientation des relations internationales nous oblige à analyser l’intelligence émotionnelle de ceux qui prennent des décisions avec des points de vue très opposés sur la gestion de la crise et ses défis. Parallèlement, la coopération internationale a perdu du terrain et la concurrence économique et militaire est devenue un facteur coercitif et géostratégique très influent sur l’agenda politique.
Lorsque cette concurrence est accompagnée par l’hostilité et une dose de volatilité émotionnelle, la rivalité politique s’intensifie et génère des espaces critiques et biaisés qui accroissent la méfiance et approfondissent les différences idéologiques. Cela conduit indubitablement à un chemin incertain et insécurisant, entourée d’un puissant jeu d’intérêts dans lequel la peur fait partie de ce rapport des forces.
Les croisements d’ego font partie du scénario du divertissement dans la géopolitique du 21e siècle
Nous sommes confrontés à des périodes d’égocentrisme et de narcissisme politique en tant qu’éléments substantiels de la mobilité et de la polarisation sociales. Les motivations sont alignées sur la conquête d’un leadership qui ne coïncide pas nécessairement avec l’appréciation collective nationale et l’appréciation collective internationale. En d’autres termes, il y a des acteurs politiques qui ne sont pas bien vus dans leur propre pays, mais qui sont bien vus à l’extérieur, car on pense parfois que l’échec national peut être rendu invisible s’il y a un succès au niveau international. Ce comportement donne une connotation clairement peu scrupuleuse à l’exercice de la politique. Mais c’est la réalité.
Nous avons précédemment passé en revue tous ces aspects afin de souligner ce qui nous préoccupe actuellement, à savoir le phénomène du divertissement inoculé à la géopolitique. Le Reality Show de la politique internationale de Trump, au-delà de ses résultats, a suscité une grande controverse car, pour l’opinion publique, il très difficile de comprendre que le bureau ovale ressemble aujourd’hui plus à un plateau de télévision que le cabinet du président de la première puissance mondiale. Et cela nous rappelle un peu ce film de Jim Carrey, « The Truman Show ». Sommes-nous en train d’assister au « The Trump man Show » ? La vérité est que toutes les décisions politiques ne peuvent pas être résolues en faisant des business. Il ne fait aucun doute que la question commerciale joue un rôle fondamental dans toute négociation, mais avant tout, les êtres humains ne sont pas des marchandises.
Une irresponsabilité partagée
Les quatre grandes puissances géopolitiques, les États-Unis, l’Union européenne, la Russie et la Chine ont une responsabilité devant l’histoire qui ne peut être remise à plus tard. Nous assistons à un réaménagement non seulement des positions politiques et économiques mais aussi militaires et territoriales. Les risques d’une troisième guerre mondiale ne sont plus une prévision lointains. Et les dirigeants de ces grands blocs ne transmettent pas de signaux d’équanimité et de tranquillité au monde. Au contraire, beaucoup d’entre eux jouent maladroitement le jeu de Trump et ceux qui s’y opposent radicalement ignorent que les négociations ne peuvent pas être menées seules sans inclure les États-Unis, quel que soit celui qui siège à la Maison Blanche. Je n’ai aucun doute sur le fait que nous assistons à une lutte pour la notoriété au sein de ce casting.
Le monde est donc une table à quatre pieds, représentée par ces blocs. Si l’un d’eux manque, les efforts de paix seront toujours perturbés. Le bon sens voudrait que ces quatre blocs, à l’initiative d’un ou plusieurs d’entre eux et sous la médiation d’une représentation géopolitique neutre comme l’Afrique, se réunissent et promeuvent un dialogue politique de haut niveau dont le récit soit capable de reconstruire la confiance. Mais cet engagement nécessite de surmonter les différences culturelles et idéologiques et de faire de l’opinion publique internationale un instrument de réflexion efficace et pas pour l’spectacle en faveur du consensus dont le monde a aujourd’hui besoin de toute urgence.